7 novembre 2012
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J’avais établi la liste ultime des suspects habituels et je voulais un lieu pour les rassembler tous et dans un pacte les lier. J’avais choisi l’endroit où vivent les pandas. Mais je n'avais jamais pensé que la plus grande rencontre française des rôlistes de tous les temps pourrait se finir en véritable bain de sang !
Orchestrales manœuvres in ze dark
Gardez à l’esprit que c’était une réunion de stratégie, et bien plus que ça encore. Elle avait pour objectif de produire une plate-forme, et un livre. Je tenais à ce que chacun apporte un texte à la rencontre. L’idée était de publier, d’obtenir que Fabien s’en charge.
J’étais l’organisateur. Je suis allé là-bas et j’ai fait les réservations au nom du Fan Club de Justin Bieber. J’ai dit que nous étions un groupe de gaglus passionnés qui se réunissaient chaque année. Plutôt qu’au Grand hôtel de Saint-Aignan, j’ai réservé à l’hôtel des Jardins de Beauval, en face du zoo. Un peu plus guindé. Je pensais aussi qu’il fallait tenir nos troupes à distance du Casino de Blois, sinon les enfoirés joueraient toute la nuit. Ce sont des joueurs de nature.
Vous ici ? Je vous croyais au zoo…
Mais je savais qu’ils aimeraient Beauval. Peu importe ce qu’ils pensaient au départ, ça leur plairait. Et tout le monde a aimé… Tous ceux qui avaient été invités sont venus : Aurélie, Erwan, Charlotte, Ludo.
Lui et moi avons été les premiers à arriver. Il est venu en vélo. Pour se rendre à Beauval, il a dû faire cinq arrêts, de Toulouse à Cahors, puis Brive, puis Limoges, puis Buzançais. Tout du long il n’a jamais dépassé les 20 kilomètres/h, et à l’arrivée il m’a dit : « il y a trois sortes de gens : ceux qui savent compter, et les autres ». Je lui ai répondu ce qu’il y a de bien avec toi Ludo, c’est qu’on délire. Sur ces belles paroles lui et moi avons passé la nuit à Beauval avant que les autres n’arrivent. J’ai été là près d’une semaine. J’avais réservé toutes les chambres, une salle de conférence, tout. Je voulais m’occuper de ça jusqu’à l’ouverture, présider la première séance, puis céder la parole à Didier et aux autres. Nous étions encore furax de ne pas avoir eu de salon du jeu cette année-là. Ce n’était pas un temps heureux. Nous étions sur la brèche.
Mais c’était grisant.
Un barbu c’est un barbu mais trois barbus c’est des rôlistes
Je me suis éclipsé un moment après avoir présidé la séance d’ouverture. J’ai été heureux de passer la main à Didier, bien que j’aurais probablement dû rester pour présider tout le truc, et foncer dans le tas jusqu’au bout.
Mais le premier soir je suis tombé dans une embuscade et – oh mon Dieu – je me suis enfui avec LG, Loulou et madame T. jusqu’à une aire d’autoroute où je savais qu’il y avait un routier géant. On avait entrepris de jouer au Pictionary toute la nuit lorsqu’une serveuse est venue prendre les commandes. Elle a voulu nous conseiller des p’tites salades de crudités toutes pitoyables avec presque rien dedans et pas de sauces. A ce moment-là je l’ai regardé bien droit dans les yeux afin qu’elle comprenne à quel point elle avait mal jaugé la situation et je lui ai dit : « On est dans un pays libre madame, des gens peuvent manger ça si ils veulent, mais nous on est des gros bâtards de rôlistes barbus qui buvons du Diet Coke, des cafés-crème froids avec plein de sucre et engloutissons des paquets de Curly format familial comme qui rigole ». Pendant que je disais ça ses pieds se sont mis en mouvement tous seuls pour ménager sa distance de fuite, sa lèvre inférieure a légèrement tremblé, elle a marqué un temps d’hésitation, le crayon sur le calepin, et elle a répondu : « Même la Dame ? »
"Sans armes, nous ne changerons rien" (Rambo IV)...
J’étais furax contre les autres. Ils étaient trop querelleurs, et j’aspirais à une petite pause. Alors j’ai pété les plombs et je suis allé chez Mr. Bricolage, où j’ai acheté 16 haches, ces gros trucs avec la lame peinte en rouge. Je les ai rapportées et j’en ai donné une à chacun des plus vindicatifs en leur disant : d’accord, si vous autres enfoirés voulez-vous engueuler, servez-vous de ça !
N. et Romain ont été furieux pendant une vingtaine de minutes quand je suis revenu, mais pas davantage. Ils comprenaient. C’était une légère défaillance, mais j’y avais droit… En tout cas, ils se sont assis dans la salle avec ces gros trucs en mains. Ca a aidé, ça a fait sortir l’agressivité, et les gens ont ri. Si quelqu’un avait quitté les lieux furax ça aurait tout fichu par terre...
A suivre