On le saura : le jdr est un marché de niche (ouaf). Les courageux éditeurs qui se lancent là-dedans le font plus par passion que par amour de leur compte en banque et sortir un livre de base pour un nouveau jdr est donc toujours un pari risqué pour l'équilibre précaire de leurs finances.
Du coup, on imagine bien que sortir un supplément, c'est pire. Le livre de base peut se vendre aux futurs MJ de ce jeu, c'est logique. Mais il peut se vendre aussi aux lecteurs curieux (qui ont déjà assez de jeux auxquels jouer réellement), aux simples joueurs assidus (pour minimaxer... euh... approfondir l'interprétation de leur personnage, bien sûr). Et il y a aussi ceux qui pensaient sincèrement devenir MJ à ce jeu et qui, finalement, sont déçus ou ne trouvent pas leur compte pour une raison ou une autre et ne donneront donc pas suite.
Bref, par nature, un supplément, ça se vend moins qu'un livre de base. Or, ça reste un bouquin avec dedans des textes, des images et tout autour du papier, du carton, des agrafes... tout ça se paye. Un pari encore plus risqué donc qui conduit certains petits éditeurs à ne pas se lancer dans l'aventure du suivi d'une gamme.
Mais, comme les choses sont décidément bien compliquées en ce bas monde, on remarquera qu'un livre de base privé de tout suivi est bien peu engageant et dissuadera nombre d'acheteurs potentiels. La quadrature du cercle éditorial, quoi.
Nous autres MeCs avons déjà par le passé relayé des initiatives audacieuses qui tentaient de briser ce cercle vicieux comme par exemple la solution de la micro-édition en impression numérique des scénarios de la collection Carnets de Crimes des Ecuries d'Augias. Nous ne pouvions donc passer sous silence ce qui se trame chez les amis des Salons de la Cour d'Obéron.
Là bas, quelques irréductibles défenseurs du jdr de création francophone ont décidé de venir au secours de deux de leurs jeux préférés quelque peu délaissés par leur éditeur respectif. Toutefois, ne jetons pas la pierre à ces derniers (bien relire le début de l'article) et félicitons les de s'être associés à cette initiative.
Donc, la Cour d'une part, Icare et Le Matagot d'autre part co-organisent respectivement pour Würm et Te Deum pour un Massacre un concours de scénario qui aboutira à la sélection des meilleures oeuvres, le tout étant alors édité sous forme de recueil par l'éditeur du jeu en question. Bonne idée, non ?
Il y a certes toujours un côté un peu déprimant de voir que les rôlistes doivent faire des pieds et des mains et, qui plus est, abandonner toute prétention à des droits d'auteur dignes de ce nom pour espérer faire vivre leur loisir favori. Mais, bon, une fois qu'on a réussi à avaler ça, ça va tout seul et on ne peut que'être ravi de telles initiatives auxquelles, qui sait ?, les hôtes de céans participeront peut-être...