19 mars 2008
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Et maintenant, mesdames et messieurs, un nouvel épisode de votre feuilleton préféré...
Eh bé, la petite interruption de la série s'est finalement transformée en longues vacances mais, pas de panique, sonnez hautbois, trompettes, musettes et presque tous les trucs en -ettes : Cyberpunk Reload est revenu pour un 5ème épisode ! C'est loin d'être le dernier alors hopohophop, on ne mollit pas. Pour les lecteurs infidèles ou très distraits, rappelons qu'il s'agit d'une revue critique de mon épaisse collection de suppléments pour le jeu de rôles Cyberpunk. La problématique essentielle en est : peut-on encore tirer quelque chose de toutes ces conneries pour écrire et/ou jouer de l'anticipation réaliste en 2008 ? Bon, si, au passage, on peut aussi se foutre de la gueule des dessinateurs de Talsorian, on ne va pas se priver...
Pour tisser un lien solide, cohérent et tout ça avec le lointain 4ème épisode, continuons la série des suppléments consacrés aux corpos de 2020. Tout d'abord, Corporate Report n°2. Au niveau de la forme, ça va aller vite : ctrl+C/ctrl+V. Bref, c'est pareil que le n°1 : couverture hideuse, intérieur très correct grâce à une mise en page sobre et aux très belles illus de matos. Le contenu, maintenant. Vous vous souvenez de mon étonnement quant au choix de IEC, le génialissime inventeur du blender à carottes dans le n°1 ? Bon bah, visiblement, Talsorian a reçu une tonne de lettres d'insultes sur ce thème ("de quoi ? des carottes ? on peut même pas se battre avec ces trucs là... à moins de vraiment bien les aiguiser, à la rigueur..."). Résultat : double dose de poils et de testostérone dans le n°2. Première corpo présentée : Militech. Toute petite cote à 1.5/1 : c'était joué d'avance. Militech est le grand concurrent de Arasaka présenté dans le n°1. C'est de bonne guerre (uhuhu). Le contenu du chapitre consacré à la corpo est en tous points identique au n°1 également et donc plutôt bon.
L'autre corpo, c'est le Lazarus Group. Je vous le donne ne mille, ce sont des... mercenaires ! Aaaah, quand même : c'est autre chose que des carottes. En même temps, des soldats privés qui utilisent uniquement, par contrat d'exclusivité, du matos Militech... bah, ça fait doublon. Aucun intérêt. C'est comme si on avait tout le supp' sur Militech et puis c'est tout. Résultat : c'est longuet et au final, sur 4 corpos, on en a 3 de défense privée. Et une qui vend des blenders. Pas complet, complet, le panorama du monde corporatiste de 2020...
Heureusement, tout va changer avec... Corporate Report n°3 ! Au niveau de la couvrante, on ne change toutefois pas une formule aussi moche : logos horribles, couleurs hideuses... que du classique. Par contre, l'intérieur est différent des n°1 et 2. Sans doute pour avoir enfin une politique artistique cohérente, Talsorian a décidé de faire moche aussi. J'exagère un peu car c'est très similaire, finalement, mais l'impression de mon exemplaire est éxécrable et les dessins ont perdu tout contraste. Beurk, beurk.
Par contre, le vrai changement est dans le choix des corpos : Petrochem et SovOil. Finies les rodomontades militaristes. Enfin, rassurez-vous, il y a quand même guerre corporatiste et listes de nouveaux guns mais disons que tout cela se justifie un peu mieux par le background très convaincant dans lequel cette lutte sans merci se situe. Bon, quand je dis "convaincant", vous oubliez une fois de plus l'aspect "néosov" de ce cyberpunk old school, on en a déjà largement parlé dans ces pages... Le reste par contre, ça a de la gueule : deux mégacorporations pétrolières qui se battent pied à pied pour contrôler les tous derniers champs pétrolifères (euh, en Irak, par exemple...) et/ou pour réorienter leur modèle économique (Petrochem investit massivement dans la production de biocarburants, le CHOOH2) sur fond de hausse démesurée des cours des produits pétroliers et d'angoisse de la population sur les répercussions qu'aura tout ce bordel sur leur vie quotidienne. Ca vous dit quelque chose ou bien ?
Autre détail sympa : enfin, après deux essais, les auteurs ont enfin pensé que Cyberpunk, c'était aussi la Matrice et tous ces trucs à la Pacman. On a donc cette fois-ci droit aux considérations sur le réseau interne de chaque corpo avec plan détaillé du construct au cas où un Pj Netrunner aurait envie d'y faire un tour (??). Et puis, Petrochem, c'est aussi sa filiale Moo-Moo Burger et ça, c'est bon, mangez-en. En tout cas, le meilleur CorpoBook et un des bons suppléments de la gamme.
A noter, anecdote croustillante, que si Petrochem a comme d'habitude droit à sa mini-aventure personnalisée, celle qui aurait dû être dédiée à SovOil est remplacée par une deuxième aventure Petrochem ! Faut pas déconner non plus : les joueurs ricains vont pas s'abaisser à jouer des persos au service des rouges...
Tant qu'on est dans les "séquelles", on y reste doublement avec le Chromebook 2 ou, plus exactement le Chrome 2 puisque c'est la VF que je possède. Du coup, on a le droit au standard Oriflam pour la couvrante : cadre noir brillant, logo rouge... Si on y ajoute que l'illu originale est étonnament belle et je dirais presque "poétique" (mettons que, déjà, il n'y a pas de gros gun...) compte tenu du contenu du bouquin, la couverture est une des plus réussies de toute la gamme. En plus, la fille a presque pas des gros seins alors... L'intérieur est nettement plus inégal, d'utant que la thématique du faux recueil de pubs initié dans le Chrome 1 tend un peu s'estomper au fil des pages.
Malgré tout, le contenu est assez similaire : il s'agit bien d'un catalogue de matos présenté sous forme d'une compilation d'encadrés consacrés chacun à un seul équipement. De temps en temps, on a le droit à un topo plus complet et exhaustif (ici, les Exotiques et... les grenades !). Rassurez-vous, les fondamentaux sont là : un gros gun, un bras cyber-quelque chose, une moto qui fait vroum-vroum, un gros gun... bref, vous avez compris.
Alors là, toutefois, quand je dis "gros gun", il faut bien comprendre "GROS gun" et même "très GROS gun". Je feuillette pour vous... mmmmh... 7D6 + 3 de dégâts (note technique pour le béotien : dans les règles de base, un flingos de base fait 1 ou 2 D6 de dégâts...)... ouais pas mal... ah, 4D10+6... c'est mieux... que vois-je ? 5D10+10 !... cool... aaaaargh : 6D10+12. N'en jetez plus : la cour est pleine. Certes, y a pas de mal à se faire plaisir mais là, on touche au grotesque. C'est visiblement la course aux armements : à force de donner des armures fines comme des T-shirts et des blindages cybernétiques aux joueurs, on en vient à donner aussi des guns délirants. Question : où cela va-t-il s'arrêter ? Avant ou après le stade Goldorak ? Heureusement encore qu'il y a aussi dans cette quinzaine de pages de pur délire un truc comme le Citygun avec ses barillets jetables en céramique. M'enfin, ça fait pas lourd...
Comme on s'en doute, dans les pages cybernétiques, on a l'autre versant du problème : capuchon cybernétique blindé (gné ?), blindage corporel intégral, doigt lance-grenade (si, si, si...). Nul. Les pages véhicules, quant à elles, présentent une vingtaine de bolides peu originaux et affublés de dessins hideux. Vala, vala... Le débilomètre redescend un peu avec les pages consacrées aux gadgets électroniques et autres. Par nature, c'est quand même moins souvent con que dans les autres sections. Mention spéciale pour le Tueur Arachnoïde et son dessin sympa. Ca fait maigre quand même. La chapitre consacré aux "équipes" évoquent en fait plusieurs entreprises de service qui peuvent fournir aide ou emplois aux persos. C'est franchement peu inspiré mais ça permet de souffler agréablement entre un lance-grenade et un bras-tronçonneuse.
Le dernier chapitre offre un cas d'école. Comment saloper une bonne idée en deux temps, trois mouvements ? Méthode certifiée Talsorian : prenez une idée plutôt sympa et explorant un pan de la technologie à peu près délaissé jusqu'ici dans CP 2020, les modifications biotechnologiques ; imaginez un traitement fun et stylé qui consiste ici en implants imités de traits ou capacités animales (doigts palmés, ce genre de trucs...) et, fort de ces bonnes bases, empressez-vous de faire n'importe quoi en essayant de flatter au maximum les bas instincts du joueur lambda. Et c'est parti pour les hommes-dragons, les humains biomodifiés en gobelins (ils croyaient vraiment que ça allait concurrencer Shadowrun ou bien ?), sans oublier les hommes-requins qui ont tellement plu à leurs auteurs qu'ils se sont empressés d'en faire un des piliers de Cyberpunk 3. C'est vrai que ça aurait été dommage...
Au bilan, c'est très mauvais et complètement inutilisable aujourd'hui. C'est exactement le genre de supplément qui m'autorise à penser qu'il faut aujourd'hui vraiment tourner la page de l'époque Cyberpunk (le jeu) si on veut avoir une anticipation à peu près crédible à se mettre sous la dent...
Eh bé, la petite interruption de la série s'est finalement transformée en longues vacances mais, pas de panique, sonnez hautbois, trompettes, musettes et presque tous les trucs en -ettes : Cyberpunk Reload est revenu pour un 5ème épisode ! C'est loin d'être le dernier alors hopohophop, on ne mollit pas. Pour les lecteurs infidèles ou très distraits, rappelons qu'il s'agit d'une revue critique de mon épaisse collection de suppléments pour le jeu de rôles Cyberpunk. La problématique essentielle en est : peut-on encore tirer quelque chose de toutes ces conneries pour écrire et/ou jouer de l'anticipation réaliste en 2008 ? Bon, si, au passage, on peut aussi se foutre de la gueule des dessinateurs de Talsorian, on ne va pas se priver...
Pour tisser un lien solide, cohérent et tout ça avec le lointain 4ème épisode, continuons la série des suppléments consacrés aux corpos de 2020. Tout d'abord, Corporate Report n°2. Au niveau de la forme, ça va aller vite : ctrl+C/ctrl+V. Bref, c'est pareil que le n°1 : couverture hideuse, intérieur très correct grâce à une mise en page sobre et aux très belles illus de matos. Le contenu, maintenant. Vous vous souvenez de mon étonnement quant au choix de IEC, le génialissime inventeur du blender à carottes dans le n°1 ? Bon bah, visiblement, Talsorian a reçu une tonne de lettres d'insultes sur ce thème ("de quoi ? des carottes ? on peut même pas se battre avec ces trucs là... à moins de vraiment bien les aiguiser, à la rigueur..."). Résultat : double dose de poils et de testostérone dans le n°2. Première corpo présentée : Militech. Toute petite cote à 1.5/1 : c'était joué d'avance. Militech est le grand concurrent de Arasaka présenté dans le n°1. C'est de bonne guerre (uhuhu). Le contenu du chapitre consacré à la corpo est en tous points identique au n°1 également et donc plutôt bon.
L'autre corpo, c'est le Lazarus Group. Je vous le donne ne mille, ce sont des... mercenaires ! Aaaah, quand même : c'est autre chose que des carottes. En même temps, des soldats privés qui utilisent uniquement, par contrat d'exclusivité, du matos Militech... bah, ça fait doublon. Aucun intérêt. C'est comme si on avait tout le supp' sur Militech et puis c'est tout. Résultat : c'est longuet et au final, sur 4 corpos, on en a 3 de défense privée. Et une qui vend des blenders. Pas complet, complet, le panorama du monde corporatiste de 2020...
Heureusement, tout va changer avec... Corporate Report n°3 ! Au niveau de la couvrante, on ne change toutefois pas une formule aussi moche : logos horribles, couleurs hideuses... que du classique. Par contre, l'intérieur est différent des n°1 et 2. Sans doute pour avoir enfin une politique artistique cohérente, Talsorian a décidé de faire moche aussi. J'exagère un peu car c'est très similaire, finalement, mais l'impression de mon exemplaire est éxécrable et les dessins ont perdu tout contraste. Beurk, beurk.
Par contre, le vrai changement est dans le choix des corpos : Petrochem et SovOil. Finies les rodomontades militaristes. Enfin, rassurez-vous, il y a quand même guerre corporatiste et listes de nouveaux guns mais disons que tout cela se justifie un peu mieux par le background très convaincant dans lequel cette lutte sans merci se situe. Bon, quand je dis "convaincant", vous oubliez une fois de plus l'aspect "néosov" de ce cyberpunk old school, on en a déjà largement parlé dans ces pages... Le reste par contre, ça a de la gueule : deux mégacorporations pétrolières qui se battent pied à pied pour contrôler les tous derniers champs pétrolifères (euh, en Irak, par exemple...) et/ou pour réorienter leur modèle économique (Petrochem investit massivement dans la production de biocarburants, le CHOOH2) sur fond de hausse démesurée des cours des produits pétroliers et d'angoisse de la population sur les répercussions qu'aura tout ce bordel sur leur vie quotidienne. Ca vous dit quelque chose ou bien ?
Autre détail sympa : enfin, après deux essais, les auteurs ont enfin pensé que Cyberpunk, c'était aussi la Matrice et tous ces trucs à la Pacman. On a donc cette fois-ci droit aux considérations sur le réseau interne de chaque corpo avec plan détaillé du construct au cas où un Pj Netrunner aurait envie d'y faire un tour (??). Et puis, Petrochem, c'est aussi sa filiale Moo-Moo Burger et ça, c'est bon, mangez-en. En tout cas, le meilleur CorpoBook et un des bons suppléments de la gamme.
A noter, anecdote croustillante, que si Petrochem a comme d'habitude droit à sa mini-aventure personnalisée, celle qui aurait dû être dédiée à SovOil est remplacée par une deuxième aventure Petrochem ! Faut pas déconner non plus : les joueurs ricains vont pas s'abaisser à jouer des persos au service des rouges...
Tant qu'on est dans les "séquelles", on y reste doublement avec le Chromebook 2 ou, plus exactement le Chrome 2 puisque c'est la VF que je possède. Du coup, on a le droit au standard Oriflam pour la couvrante : cadre noir brillant, logo rouge... Si on y ajoute que l'illu originale est étonnament belle et je dirais presque "poétique" (mettons que, déjà, il n'y a pas de gros gun...) compte tenu du contenu du bouquin, la couverture est une des plus réussies de toute la gamme. En plus, la fille a presque pas des gros seins alors... L'intérieur est nettement plus inégal, d'utant que la thématique du faux recueil de pubs initié dans le Chrome 1 tend un peu s'estomper au fil des pages.
Malgré tout, le contenu est assez similaire : il s'agit bien d'un catalogue de matos présenté sous forme d'une compilation d'encadrés consacrés chacun à un seul équipement. De temps en temps, on a le droit à un topo plus complet et exhaustif (ici, les Exotiques et... les grenades !). Rassurez-vous, les fondamentaux sont là : un gros gun, un bras cyber-quelque chose, une moto qui fait vroum-vroum, un gros gun... bref, vous avez compris.
Alors là, toutefois, quand je dis "gros gun", il faut bien comprendre "GROS gun" et même "très GROS gun". Je feuillette pour vous... mmmmh... 7D6 + 3 de dégâts (note technique pour le béotien : dans les règles de base, un flingos de base fait 1 ou 2 D6 de dégâts...)... ouais pas mal... ah, 4D10+6... c'est mieux... que vois-je ? 5D10+10 !... cool... aaaaargh : 6D10+12. N'en jetez plus : la cour est pleine. Certes, y a pas de mal à se faire plaisir mais là, on touche au grotesque. C'est visiblement la course aux armements : à force de donner des armures fines comme des T-shirts et des blindages cybernétiques aux joueurs, on en vient à donner aussi des guns délirants. Question : où cela va-t-il s'arrêter ? Avant ou après le stade Goldorak ? Heureusement encore qu'il y a aussi dans cette quinzaine de pages de pur délire un truc comme le Citygun avec ses barillets jetables en céramique. M'enfin, ça fait pas lourd...
Comme on s'en doute, dans les pages cybernétiques, on a l'autre versant du problème : capuchon cybernétique blindé (gné ?), blindage corporel intégral, doigt lance-grenade (si, si, si...). Nul. Les pages véhicules, quant à elles, présentent une vingtaine de bolides peu originaux et affublés de dessins hideux. Vala, vala... Le débilomètre redescend un peu avec les pages consacrées aux gadgets électroniques et autres. Par nature, c'est quand même moins souvent con que dans les autres sections. Mention spéciale pour le Tueur Arachnoïde et son dessin sympa. Ca fait maigre quand même. La chapitre consacré aux "équipes" évoquent en fait plusieurs entreprises de service qui peuvent fournir aide ou emplois aux persos. C'est franchement peu inspiré mais ça permet de souffler agréablement entre un lance-grenade et un bras-tronçonneuse.
Le dernier chapitre offre un cas d'école. Comment saloper une bonne idée en deux temps, trois mouvements ? Méthode certifiée Talsorian : prenez une idée plutôt sympa et explorant un pan de la technologie à peu près délaissé jusqu'ici dans CP 2020, les modifications biotechnologiques ; imaginez un traitement fun et stylé qui consiste ici en implants imités de traits ou capacités animales (doigts palmés, ce genre de trucs...) et, fort de ces bonnes bases, empressez-vous de faire n'importe quoi en essayant de flatter au maximum les bas instincts du joueur lambda. Et c'est parti pour les hommes-dragons, les humains biomodifiés en gobelins (ils croyaient vraiment que ça allait concurrencer Shadowrun ou bien ?), sans oublier les hommes-requins qui ont tellement plu à leurs auteurs qu'ils se sont empressés d'en faire un des piliers de Cyberpunk 3. C'est vrai que ça aurait été dommage...
Au bilan, c'est très mauvais et complètement inutilisable aujourd'hui. C'est exactement le genre de supplément qui m'autorise à penser qu'il faut aujourd'hui vraiment tourner la page de l'époque Cyberpunk (le jeu) si on veut avoir une anticipation à peu près crédible à se mettre sous la dent...