Alors que le jour où l’on joue à se faire peur approche, je voudrais vous communiquer mes 6 grosses angoisses concernant l’avenir de notre passion le jeu de rôle.
Première grosse inquiétude : comme sœur anne qui ne voit toujours rien venir, je ne trouve toujours pas de Casus ou de Blackbox en kiosque. Il semble qu’on puisse compter sur un ultime Casus puisque les commandes, piges et autres engagements ont été payés (mais l’imprimeur ?), et que pour Blackbox le nombre de page du prochain n’aura d’égal que le nombre de mois de retard… mais tout de même, ça sent le sapin. J’ai bien peur que 2007 ne soit la première année sans presse spécifiquement rôliste depuis des lustres.
Deuxième grande crainte : que, dans la foulée de la presse rôliste, le jeu de rôle disparaisse lui aussi. Il y avait eu un premier écrémage des maisons d’édition francophones ces dernières année, il va y en avoir un autre, peut être radical. Certaines n’existent d’ores et déjà plus, d’autres vont fermer leurs porte aux JdR tout bientôt (Asmodée (COPS, INS/MV...) et celles qui restent annoncent l’abandon programmé de leur gamme jeux de rôle à court terme (Le 7ème Cercle (Qin, Kult...).
Troisième terrible angoisse : la disparition programmée du joueur de jeux de rôle. Nous sommes une espèce en voie de disparition ! Durement touchées par la fin de l’esprit associatif au début des années 90, par l’individualisme en général, par les nouveaux médias, par la vie chère, le temps qui passe vite, la crise de la classe moyenne, la grippe aviaire (si, si, les Nuggets de poulet) et l’analphabétisme (ou bien est-ce l’illettrisme ?), nos troupes se réduisent aujourd’hui à peau de chagrin, et on ne vaut même plus la peine qu’on parle de nous, même pour un bon petit scandale comme à la grande époque de Mireille Dumas. Has been qu’on est, et vieux en plus, c’est moche.
Quatrième formidable peur : qu’il faille se remettre à l’anglais ! Et quand je dis faille, je devrais dire gouffre (voir gap). Je me demande comment j’ai pu faire quand j’étais ado pour me taper ces millier de pages en anglais là, des tonnes d’add, du rift en veux-tu en voilà, du ninjas and superspies, et autres trésors disponibles uniquement dans la langue de John Wayne. La dernière fois que je m’en suis farci, c’était pour NOIR RPG (excellent d’ailleurs) et pour Gurps Discworld, avant que ça ne soit traduit. Mais là, force est de constater que toutes les nouveautés qui vont bien sont en anglais, et ça ne risque pas de s’améliorer, comme on vient de le dire, alors… il est où ce dico ?!
Cinquième crispante appréhension : devenir aveugle. Et oui, quand on est un frénétique de l’info, pas moyen d’attendre le prochain périodique, il faut filer s’informer sur le net (ce qui nous ramène au problème évoqué plus haut). Et de même, plus possible d’envisager une partie d’un JdR aux règles un peu compliquées sans assistance informatique, le portable sur le coin de la table (de nombreux programmes d’assistance au jeu existent, citons par exemple le très bon Voyageurs pour Rêve de Dragon). J’en profite d’ailleurs pour demander aux gars de chez Rackham qui nous lisent attentivement, je le sais, de nous proposer d’urgence le même genre de chose pour Cadwallon (création de pnjs instantanée, gestions de mouvements, plans et dalles, etc…), ce serait le Grand confort ! Et je ne parle même pas des jeux de rôle en ligne… Avec tout ça, on a les yeux comme des lapins albinos, la tension haute et la tendinite du poignet, et rien de tout ça ne nous sera reconnu comme maladie professionnelle.
Sixième affreux doute : que pas grand monde – pour ne pas dire personne – n’en ai grand-chose à foutre de tout ça ! Que dans l’espace ludique désormais laissé vide par le JdR que certains prophètes de la fin des années 90 nous annonçaient pourtant comme le 8ième art, personne ne m’entende crier. Un coup d’œil angoissé aux states : mais si, pourtant, les gens viennent lire Mondes en Chantier. C’est improbable et pourtant ça a l’air vrai. A quoi peuvent-ils bien ressembler ? Damned, ils doivent avoir une tête affreuse !