Enthousiasmée par la sortie récente du jeu de rôles de la Brigade Chimérique, l'équipe des intrépides reporters des Mondes des Mondes en Chantier a voulu mener l'enquête sur un mystérieux superscientifique, créateur d'un groupe concurrent mais tout aussi prodigieux : la Compagnie Utopique ! Après l'"Homme Noir", voici "La vindicte populaire".
Retour en France
Voronoff regagne la France pour s'installer à Bordeaux. S'il n'a pas participé au conflit de 1914-1918, il s'intéresse aux grands blessés, en guérit, en "répare" par dizaines à l'aide de greffes osseuses et même artérielles. On le voit même s'intéresser efficacement aux "gueules cassées" pour qui il perfectionne un procédé nouveau de greffes de la peau. Quelques retentissantes réussites attirent la direction du laboratoire de physiologie au Collège de France, qu'il accepte tout en créant son laboratoire personnel, à Nice. C'est là qu'il va, secrètement, poursuivre ses propres recherches sur le prolongement de la vie humaine.
Mais là, le voisinage est sans aménité. Ses voisins, qui surnomment Voronoff "l'Homme Noir", signent de nombreuses pétitions. Pourtant, leurs plaintes n'ont pas de suites, et ils doivent se contenter de jeter de l'eau bénite sur le pas des portes, après le passage de ce monsieur Voronoff qui les intrigue plus qu'il ne leur inspire de véritable haine...
En 1922, Voronoff fait sa première communication officielle au Congrès des Chirurgiens, en relatant ses observations et ses expériences récentes :
- J'ai greffé à de vieux boucs et béliers fatigués des glandes d'animaux vigoureux. Ils ont retrouvé une étonnante jeunesse.
Parmi l'assistance, le professeur Reinette, chirurgien marseillais qui n'aime pas qu'on se fiche de sa pomme, l'interrompt pour lui demander si ces expériences peuvent être appliquées à l'homme.
- Sans aucun doute, répond Voronoff. Il sera facile de greffer à l'homme la glande d'un... chimpanzé, puisque la sécrétion interne des glandes est la même chez l'homme que chez les animaux... Bien sûr, il vaudrait mieux utiliser des glandes humaines, ne serait-ce que pour éviter quelques petites, euh, anicroches.
Un murmure d'horreur s'élève. Quoi ? Des prélèvements humains ? On regarde avec autant d'intérêt que d'effroi ce personnage de la taille d'un tambour-major, qui vient de parler ainsi.
Voronoff n'en poursuit pas moins, une étincelle dans les yeux :
- Malheureusement, passé douze heures, il est impossible d'obtenir des glandes humaines encore "en vie". Pour la greffe que je suggère, force est donc de se rabattre sur des animaux dont les tissus peuvent vivre et se greffer sur le corps humain. Or, le sang des grands singes est identique à celui de l'homme et une glande, empruntée chez eux, pourra parfaitement accomplir sa fonction dans le corps humain.
Un célèbre chirurgien parisien, le professeur Hartmann, s'exclame :
- Monsieur, nous n'en écouterons pas plus... Vous déshonorez la médecine ! D'ailleurs vous avez cru bon de communiquer vos élucubrations à la presse avant nous, c'est tout dire !
Et Hartmann brandit devant Voronoff, interloqué, un journal parisien, l'Echo de l'Univers, où on voit en bonne place l'interview où l'"Homme Noir" explique ce qu'il vient de révéler aux congresistes.
- Ma parole, vous êtes jaloux, dit Voronoff.
- Vous n'êtes qu'un assoiffé de gloire et d'argent. Quittez cette tribune... tonitrue Hartmann.
Naturellement, l'explosion de colère du professeur Hartmann attire l'attention du grand public sur Voronoff et, dès le lendemain, la presse s'empare de l'affaire. Le nom du savant est bientôt sur toutes les lèvres. Mais ce n'est qu'un début.
- Puisque l'on m'accuse de chercher la publicité, et bien, je vais parler. On veut me cacher ? Je vais me montrer, dit Voronoff !
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