Comme bien souvent, je draguais au hasard les rayons de ma librairie préférée en me disant, de façon un peu perverse (hum, avec draguer et pervers dans la même phrase, les moteurs de recherche vont adorer cet article ;- !), que je pourrais certainement phagocyter l’une ou l’autre de ces nouveautés au profit de Terra Incognita.
Le bingo intervenait au rayon BD. Mon regard y était intercepté par la couverture du dernier Tronchet et surtout par son titre, très évocateur : Le peuple des endormis. Voyant quelque jabot et chapeau à plume sur la couverture, mon regard acéré venait d’identifier une œuvre potentiellement utilisable. Je feuilletais donc et là, ça se confirmait : époque Louis XIV mais aussi et surtout voyages lointains, animaux empaillés pour des cabinets de curiosité… tout cela me semblait bel et bon pour moi !
Evidemment, je me décidais aussitôt à ne pas l’acheter… pourquoi ? Bah d’abord, je ne suis pas trop fan de BD en général. Et je n’accroche pas forcément au style de Tronchet en particulier. Et puis surtout, la BD indiquait qu’il s’agissait là d’une adaptation d’un roman d’un certain Frédéric Richaud, qui cosigne l’album. Bref, je me dis qu’il vaut mieux s’adresser à Dieu qu’à ses saints et, préférant la littérature écrite avec des mots, je me mets en quête du roman éponyme. Rien. Nada. Je surfe donc sur Internet (d’où l’expression : « Nada ? Surfe ! ») pour recherche une trace de ce roman et le commander fissa. Rien non plus. Trop fort : l’adaptation d’un roman qui n’existe pas. Décidément, ce mystère me plaisait bien. Mais ne m’avançait guère pour autant…
J’avais un peu lâché l’affaire quand, un autre jour où je me livrais à cette même occupation en librairie, je tombe sur… un nouveau roman de Frédéric Richaud. Ah, il s’appelle La ménagerie de Versailles. Tiens, tiens, Versailles, hein ? 4ème de couverture : « Depuis que Louis XIV s'est fait construire une ménagerie non loin de son palais de Versailles, le marquis de Dunan ne dort plus. Et s'il fournissait au Roi une bête féroce, au côté des pélicans et des autruches qu'admirent déjà les courtisans ? Sa gloire et sa fortune seraient faites... Mais Dunan court en vain les foires du Royaume : les spécimens intéressants sont rares. Il en faudrait plus pour décourager notre homme, qui se lance alors dans une folle aventure où les fauves ne sont pas toujours ceux qu'on croit... »
Mouaif, c’est en fait le roman que je cherchais. Le fin mot de l’histoire, c’est que l’adaptation en BD a eu lieu AVANT la publication du roman et que, pour différentes raisons (notamment car il y a quand même quelques différences entre les deux), le nom du roman a finalement été changé. Dommage, le nom de la BD me plaisait mieux. Enfin, pas rancunier, j’achète le roman et, dans la foulée, paf, je le lis.
Les mauvaises langues diront : « pas bien difficile », rapport au fait qu’il s’agit vraiment d’un court roman (moins de 200 pages très aérées). Comme on le sait, la longueur ne fait rien à l’affaire. De fait, c’est bien. Très sympa à lire. L’histoire est intéressante, la fin amusante (c’est un livre à chute donc je ne dirai rien de plus), les personnages attachants. Surtout, le style de Richaud est simple et élégant : c’est vraiment une langue tirée au cordeau avec sujet-verbe-complément et allégement systématique du gras (multiplications d’épithètes, métaphores douteuses…). Très agréable.
Note : adaptation à faire pour (beaucoup) plus tard…